des amazones de cassandre

des amazones de cassandre Cavalier King Charles Spaniel

Cavalier King Charles Spaniel

Naëva Tigra du Lac du Lézerd !!!

Naëva Tigra du Lac du Lézerd !!!

A toi ma belle Tigre ... mon Ti... mon Cha... pour toujours ... pour toujours ...
 

L'histoire du petit chien jaune

L'histoire du petit chien jaune

Passage 1 : une mort programmée



Il allait mourir... bientôt. Elle le savait. Pourtant l´ambiance à la maison était sereine, peut être une petite touche trop tranquille, trop calme. Comme le silence des oiseaux avant la tourmente. Le quotidien était un véritable baume sur une plaie pas encore ouverte. Ce quotidien... le travail et le ménage et toutes les tâches les plus diverses de chaque jour qu´il faut bien accomplir bon gré mal gré... Toutes ces « corvées » qui finissent par peser considérablement sur le moral ou la patience ou même la tolérance. Difficile de ne pas y couper ! Mais en ces moments incertains dans l´attente de quelque chose de grave qui se prépare, toute activité était la bienvenue et plutôt réparatrice.
Alors elle avançait dans son ouvrage, elle s´organisait dans ses courses et ses sorties. Elle était même  disponible pour répondre à l´invitation du mariage d´un ancien voisin. La vie était là, comme un fleuve qui entraîne dans ses eaux des tonnes de pourriture, qui supporte toutes les pollutions, qui charrie les erreurs du monde mais qui continu à suivre inlassablement son cours.
Il faut rester vivant. Mais elle est triste et inquiète. Elle a peur. Elle a peur de savoir comment tout cela va se passer. Quels pourraient être les imprévus ! Pourtant elle a bien réfléchi à tout pense t- elle. Elle imagine même et se met en situation, invente des dialogues et se passe cette journée extraordinaire comme un film. Il tourne et tourne en boucle. Ca ne la dérange pas. Elle anticipe et se surprend à peaufiner le moindre détail de ces instants qui n´existent pas encore. Il faut que tout soit parfait parce que le petit chien jaune va mourir. 
 
  





 


HOMMAGE

Passage 2 : une journée pas comme les autres


 


Ce matin là, son premier regard, ses premiers gestes furent pour le petit chien jaune. Aujourd´hui il avait toute son attention. Une prévenance affinée, une considération prioritaire et rien d´autre ne pouvait avoir une importance plus grande. Parce qu´elle savait que cette journée ne serait pas comme les autres.
Elle devait se rendre à son travail mais n´y resterait pas toute la journée. Devant un tel évènement il fallait du temps. Elle décida tout d´abord de soigner sa tenue et parfaire son maquillage. Elle s´y appliqua. Se sentir belle lui donnait de l´assurance. Elle devait être certaine. Le plus petit doute serait intolérable. Son imagination capricieuse envahissait ses pensées qui s´échappaient. Son «  au revoir » devenait insistant. Il tapait si fort à la porte close de son âme. Mais non... mais non... c´est trop tôt, beaucoup trop tôt ! Ce n´est pas encore là. Qu´elle est la part du diable dans ces moments ? Elle se ressaisit, regarda l´heure qui semblait s´emballer. Mon Dieu déjà ! Il faut nous préparer. Il nous faut partir. Surtout ne pas être en retard, justement pour se donner le temps. Le temps de caresser, de parler, d´embrasser, de se taire aussi et le temps de pleurer. Il faudrait peut être aussi arrêter le présent un court instant car après il sera trop tard puisque tu seras mort.
Et puis son regard se tourna vers le ciel. Elle regarda cette belle journée et ce soleil indécent.
  





 

HOMMAGE

Passage 3 : la fin d'un règne
 


« Les étoiles sont tombées du ciel. La farandole lumineuse est venue à ta rencontre pour t´accompagner plus fort que les vents et les courants...  pour entrer dans un au-delà de volupté infinie. Je t´aime... je t´aime plus loin que l´horizon. Je te demande pardon pour toutes mes erreurs. »


Elle vient de griffonner ces quelques lignes sur un morceau de papier qu´elle sortit du fond de sa poche. Elle sourit... c´est amusant cette manie de toujours avoir des petits papiers à portée de mains comme si aucun sentiment ne devait jamais être oublié, comme si ses pensées ne devaient jamais lui échapper...  vite les emprisonner dans les rondeurs des mots, vite les dessiner dans la courbe des phrases  pour garder les  bribes de réflexion, les fragments de vie intactes dans sa mémoire. Enfin... et surtout  lire et pouvoir relire encore et encore  les temps anciens, les histoires vieillies, se repaître de tous les épisodes vécus,  de tous ces hasards rencontrés,  toutes les tragédies traversées, pouvoir se nourrir de tous ses souvenirs crayonnés à la hâte sur ces dizaines de petits bouts de papier !


Aussi vite elle cesse de rêvasser à sa prose, ses merveilles et ses misères et prend conscience qu´elle tente  désespérément d´échapper à la réalité. Mais brusquement  la violence d´un silence visqueux  engourdit ses sens, il lui hurle dans la tête,  elle se sent brutalement isolée, engluée dans une douloureuse spirale qui l´attire loin du bonheur rassurant du petit chien jaune. C´était juste intolérable. C´est à ce moment là qu´elle prend terriblement conscience de quatorze années vécues tout contre lui, tout contre les flancs de sa propre vie. Elle ne sait pas encore le vide de son absence, elle ne connait pas encore sa cruauté et ses tourments... Simplement elle sait... le petit chien jaune est mort.


C´est alors qu´elle décida de s´enfuir... enfin plutôt de partir un peu vite... parce que s´enfuir pour elle était impossible. Elle ne tournait pas dans un film, elle ne pouvait pas faire ces choses un peu spectaculaires comme on voit au cinéma. Non là on était dans la vraie vie dont elle était une héroïne anodine ! Donc elle partit précipitamment pour mettre une certaine distance entre le petit chien jaune et elle ! Cruel paradoxe ! Elle se souvint tout à coup que Paul Valéry avait écrit que le paradoxe était  le nom que les imbéciles donnaient à la vérité. Etait elle une imbécile, fuyait elle la vérité ? La seule chose là maintenant, dont elle était certaine, c´est qu´elle avait perdu un petit morceau d´âme et que son coeur battait par procuration.
Elle s´était bel et bien enfuit.


 




 





 

HOMMAGE

Passage 4 : à suivre